J'ai choisi de rendre à l'univers ce que l'univers a donné,
abandonné la partie,
hissé le drapeau blanc,
eu recours à l'ultime lâcheté,
remis l'existence à l'Existence,
renoncé au cadeau miraculeux,
quitté le labyrinthe gigantesque,
le casse-tête insolite,
objet inutile et absurde,
aux recoins multiples,
où se perdent les bouts de doigt qui furettent,
immense,
aux possibles infinis,
duquel on ne finit pas de défaire les noeuds innombrables,
et dont on ne trouve jamais l'issue, la solution.
J'ai rendu les armes devant l'adversité,
laissé derrière moi l'enjouement de la curiosité,
des doigts qui furettent - et qui se font pincer,
capitulé face aux impasses, aux pièges,
aux petites et grandes luttes.
Renoncé à ce qui est beau (la richesse de l'altérité, la chaleur des Autres),
renoncé à ce qui est bon (l'émotion, et les plaisirs des sens),
rendu la vie à la Vie,
refusé le présent sacré : l'or, la myrrhe, l'encens,
et le destin des hommes.
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